Et économiquement, ça donne quoi ?
Quand je me suis installé, j'ai pris en charge la comptabilité et les diverses missions administratives. Je me suis vite senti dépassé, n'arrivant pas à anticiper la gestion de ma ferme. C'est pourquoi je me suis formé, grâce à mon comptable, au budget de trésorerie. Formation à la suite de laquelle nous récupérions un fichier Excel pour pouvoir continuer à saisir nos données. Avec le temps, je me suis approprié ce document pour en faire un outil indispensable dans ma gestion quotidienne, et dans la projection d'éventuels changements.
Aujourd'hui, tous mes ratios technico-économiques sont issus de ce fichier. Ils varient donc des ratios fournis par mon Dossier de Gestion réalisé par mon comptable, quoique les tendances se suivent toujours. La différence réside dans le fait que mon budget de trésorerie tient compte des véritables entrées et sorties d'argent constatées (il n'y a que la TVA qui est écarté de mon ficher). Je ne parle donc pas d'amortissements, ni de variation de stocks ou encore de provisions. Uniquement, mes dépenses et mon chiffre d'affaires.
Le document suivant reprend donc la synthèse des résultats de ma ferme, depuis que j'ai commencé à travailler avec ce fichier Excel.
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Historique de mes résultats économiques |
On estime le début de notre transition agroécologique en 2023, année durant laquelle les changements majeurs sont intervenus : la monotraite et l'alimentation axée autour du pâturage. Le constat avant 2022 est que les résultats sont médiocres. Pour seul commentaire, je dirais que l'agriculture industrielle et moi n'étions finalement pas fait pour être ensemble !
Les résultats de l'année 2022 sont attribués à une forte inflation de nos prix de vente : + 20% pour le lait et + 60% sur les vaches de réforme. Ajouté à cela des fourrages en quantité et de bonne qualité qui ont permis de bonnes performances techniques, avec notamment une augmentation de la quantité de lait produit. C'est donc sur une bonne note que je clôture mon expérience dans cette épuisante quête de l'idéal agro industriel.
Une production laitière en chute libre …
Maintenant, intéressons-nous à cette période transitoire. Ayant fait le choix d'une méthode peu banale, un peu brutale, la production laitière chute de 55% dès la première année, entrainant une baisse de mon chiffre d'affaires de 45%. On le voit dans les résultats, cette année 2023 est déficitaire, aggravés par un niveau d'annuités très élevé.
Il me semble donc qu'une année est le temps qu'il faut pour trouver une efficacité technico-économique nécessaire à la réussite d'un tel projet. Le plus compliqué étant de prendre conscience que bon nombre de dépenses (alimentation, semences, services extérieurs,…) doivent être diminuées, voir supprimées.
Les annuités concernent essentiellement des biens immobiliers, en premier lieu desquels il y a la nouvelle salle de traite. La seule solution pour alléger ce poste aurait été de renégocier les prêts pour permettre d'allonger la durée de remboursement, nous estimions être capable de ne pas avoir recours à cette solution coûteuse. Les quelques matériels (tracteur, remorque distributrice et distributeurs de concentrés), pour lesquels un prêt était en cours, ont été vendus en permettant des remboursements anticipés.
… Avant l'ouverture du parachute
En 2024, la production a encore diminué mais l'efficacité technico-économique atteint 80% grâce à une bonne rationalisation de nos dépenses et le début de l'aventure fromagère qui permet de se dégager une marge brute très appréciable.
Concernant les prélèvements privés affichés dans le tableau, ils concernent les prélèvements réels, sachant qu'il y a toujours eu la présence de 2 associés à rémunérer. Rare sont les années qui nous ont permis de subvenir à nos besoins ! On voit cependant que notre dernière année nous a permis de se prélever généreusement, au moment où nous rachetions la maison de la ferme. L'année en cours - 2025 - suit sensiblement le même chemin, je ferai un article à chaque clôture pour permettre de suivre l'évolution, les éventuelles dérives, mais surtout les bons résultats !
En conclusion, on peut faire le constat que nous avons opté pour un modèle typiquement décroissant. Un monde sans croissance serait donc possible ? Je crois que vous avez la réponse si vous lisez ce blog.
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