Masanobu Fukuoka: la philosophie du Non Agir

 Qu'est-ce qu'il inspirant de lire Fukuoka, mais en même temps tellement grisant ! En effet, Fukuoka publie son œuvre majeure en 1975 et n'a été que trop peu suivi de fait. Fukuoka propose une remise en question de nos pratiques agricoles, mais son ouvrage se veut surtout être une réflexion philosophique sur la relation humaine avec notre vivant. 

La philosophie du Non-Agir

Fukuoka a été paysan durant des décennies. Il a mis ses années à profit pour se questionner sur l'intérêt des actions réalisées pour cultiver ses cultures. Il en résulte une pratique simple - qu'il appelle agriculture sauvage ou nature - et très productive. Le principe est simple, semer à la volée ses céréales dans un couvert de trèfle blanc en restituant la paille entière au sol. Ainsi, il répète ce principe tous les ans avec des résultats toujours aussi concluants. Je vous laisse le plaisir de découvrir cet auteur. Son second livre La voie du retour à la Nature est également très inspirant et relate notamment ses voyages dans les déserts créés par les hommes.

Son aversion pour la science

Point sur lequel j'éprouve un désaccord avec l'auteur. Fukuoka remet en question l'intérêt des scientifiques, leurs travaux et leur impact sur le désordre écologique. Il faut savoir que la spiritualité et la religion ont une grande importance dans la vie de Fukuoka. C'est pourquoi je pense encore manquer un peu de recul à ce sujet.

Cela me questionne tout de même sur l'impact du monde scientifique au service de la création des technologies, notamment chimiques. Ainsi, je peux entendre certains arguments de Fukuoka pour les sciences dont le but est le progrès et le profit. En revanche, c'est notamment grâce à la science que nous arrivons à prendre conscience de l'ampleur de la catastrophe climatique et de ses causes. Aujourd'hui, les scientifiques n'hésitent plus à s'engager très clairement pour la défense du climat, en mettant leur travail au service du bien commun. 

Pour conclure, le paradoxe à mon propos est que nos sociétés sont devenues tellement déconnectés du vivant que ce dernier doit constamment se justifier d'exister, par la parole et les travaux des scientifiques. Nous sommes devenus tellement ethnocentrés que nous permettons la destruction du vivant dont l'intérêt, pour notre espèce, n'arrive pas à être démontré.


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