Biodiversité (1/4) : les haies comme symbole d'une prise de conscience

 La destruction massive et brutale des écosystèmes agricoles, essentiellement les haies, opérée durant la seconde moitié du XXème siècle a marqué beaucoup de conscience, aussi bien des paysans que des autres ruraux. Ce que l'on appelle "Remembrement" mérite que j'y consacre un prochain article. Pour le moment, je me permets de vous montrer ses conséquences autour de ma ferme. 

Vue aérienne de ma ferme de nos jours à gauche et dans les années 1960 à droite

Les points rouges sur la vue représentent l'emplacement de ma ferme, afin que vous puissiez comparer le bouleversement qui s'est opéré sur une très courte période. La photo se passera de mes commentaires, me laissant perplexe sur la brutalité que nous pouvons faire preuve, au nom du Bien. Sachez le site de l'IGN Remonter le temps est très bien fait si vous voulez aussi constater les perturbations qui ont pu avoir lieu dans les campagnes que vous connaissez.

Favoriser le développement des haies spontanées

Haie plantée en 2023

Il est impossible de recréer ce qui a été détruit, un écosystème perdu ne pourra jamais retrouver son état initial car il est, en soit, le fruit d'un long processus de colonisation et d'évolution. En revanche, nous essayons de reconstituer un maillage de haies sur notre ferme. Ainsi, nous comptabilisons aujourd'hui 24 kilomètres de haies, ce sont parmi elles des survivantes du remembrement, des haies spontanées et déjà de nombreuses plantations que mon père a entrepris dès le début des années 1990. 

Nous continuons ce travail dans le but que toutes nos parcelles soient entourées de haies et en priorité les paddocks de pâturage des vaches. Ainsi, grâce à des financements publics, nous avons planté 900 mètres de haies entre 2023 et 2024. Le bilan que nous en faisons est que le résultat est convenable mais que la plantation de haies est chronophage. En effet, nous devons préparer notre sol, pailler la haie plantée par des personnes extérieures, s'occuper de la mise en défens et enfin l'entretenir annuellement pour éviter qu'elle ne s'embroussaille. A ce rythme, cela va nous démotiver de continuer les plantations.

En parallèle, nous faisons le constat que les haies spontanées fonctionnaient très bien. Le nature faisant son action lentement mais sûrement, avec des végétaux indigènes. Nous avons donc fait le choix, depuis l'hiver dernier, de ne pratiquer que cette méthode. C'est assez simple à mettre des clôtures en place pour laisser des bandes, allant de 3 à 5 mètres, qui resteront sans aucune action de notre part. On verra rapidement un embroussaillement s'opérer - des ronces, des ajoncs, des genêts - et puis au bout de quelques années des saules, des chênes et diverses essences locales, en fonction de la diversité de votre terroir !

Haie spontanée ayant quelques années (le chêne étant présent depuis longtemps)

Suite : Biodiversité (2/4) : Quand y'a une mare, y'a plein de choses à voir


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