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Aider & accélérer la transition agroécologique des paysans

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Voilà maintenant 10 ans que je suis éleveur de vaches laitières. Arrivé en 2015 sur la ferme familiale avec mon père, notre volonté commune était, inconsciemment, d'accélérer l'industrialisation de nos pratiques. Le contexte de la fin des quotas et du nombre toujours plus faible de fermes confortait notre choix.  Nous voici donc lancés, sûrs de nos choix et de nos décisions : investissements, plus d'animaux, productivité augmentée… Mauvais résultats… Explosion de l'achat de soja, d'engrais, de semences, des travaux dans les champs… Frais véto toujours plus élevés… Fatigue…  Heureusement, nous pouvions comptés sur les technico-commerciaux qui gravitaient autour de nous. Les solutions aux dérives des fermes en transition vers une agriculture industrielle existent… Mise en place de protocoles, baisse du pâturage, lutte quotidienne contre les diverses agressions extérieures (météo, ravageurs, nuisibles, etc.), recherche perpétuelle de productivité… Mais de nouveau de ma...

La transfo fromagère, une évidence

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 Il nous semblait impensable dans un système agroécologique proposant des produits de très grande qualité alimentaire, sanitaire, environnementale de ne pas en faire profiter directement des consommateurs autour de nous. Dans notre esprit, le local est primordial ! Fromages en cave Priorité aux conditions de non-travail La motivation première, de mettre en place un atelier de transformation fromagère, a été de créer un nouvel emploi sur la ferme. Nous avons profité de l'installation de ma femme, en 2023, pour se lancer. Nos objectifs étaient clairs, l'atelier transfo devait permettre de générer un revenu supplémentaire en limitant temps de travail à 35 heures par semaine, et le weekend c'est repos.  Pour y parvenir, voici les moyens que nous avons mis en place pour y parvenir : 15% de notre production laitière est valorisée par la transfo , le reste est vendue à la laiterie, cela permet une souplesse dans l'organisation de la production fromagère. La semaine est rythmé...

La décapitalisation au service du financement de la transition

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Dans le fichier de suivi économique de ma ferme que j'utilise au quotidien, je me suis également intéressé à l'approche financière. Ma curiosité m'a fait m'intéresser à l'attractivité de ma ferme en tant qu'entreprise pour d'hypothétiques investisseurs. Ce n'est en rien un projet, un simple amusement qui révèle un problème systémique du modèle agricole industrielle. Une attractivité financière instable Mes résultats financiers Ce que j'appelle Rentabilité financière brute correspond, en fait, au Taux de Rentabilité Économique (ROCE) sans prise en compte de l'impôt. Je trouve ce critère très intéressant car il permet de quantifier les bénéfices générés pour chaque euro investi, que ce soient les capitaux propres et les dettes. Lorsque je parle de rémunération constante, je ne prends plus en compte les prélèvements privés réels, mais je me base sur des prélèvements correspondant à 1.5 fois le SMIC. Pour rappel, ce que j'essaye de déterminer à t...

L'agriculture industrielle, un modèle de conflits

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Toute personne ne vivant pas au contact du monde agricole nous considère certainement comme des éternels râleurs, des casse-pieds qui bloquent trop souvent les routes ou encore des pollueurs. Et je dois dire que j'ai plutôt tendance à partager ce point de vue .  Un modèle illusoire… Mon plus gros reproche étant que je n'ai jamais entendu, de la part des représentants agricoles, la moindre recherche du malaise qui gangrène ces acteurs. L'unique revendication étant qu' il faut plus de moyens !  Ainsi, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, le modèle agricole est lui entré en conflit systémique avec tout élément extérieur compromettant l'industrialisation de ces pratiques. Le paroxysme étant atteint lorsque l'on entre en conflit avec soi-même et que l'on pense que le suicide est la solution !  C'est pourquoi il me semble important de relayer quelques articles argumentés, factuels sur les limites de l'agriculture industrielle. Encore une fois je ne d...

Élevage des génisses : la pâturage comme accélérateur de croissance

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 Les petites génisses fraichement sevrées, âgées d'environ six mois, arrivent sur l'îlot de pâturage qu'elles vont occuper durant une année. Je les y amène courant août, une fois la pousse de l'herbe repartie après une éventuelle sécheresse estivale. Ainsi, je suis certain que les génisses bénéficieront d'une herbe de qualité durant toute la période automnale.  L'îlot est d'une surface totale de 14 hectares et découpé en 14 parcelles dont une parcelle parking (en haut à droite sur le plan). Chaque petite parcelle correspond à des temps de présence allant de 4 à 6 jours pour un troupeau de 15 génisses. Cela varie en fonction de l'âge évoluant des animaux et de la surface variable de mes paddocks.  Un îlot de pâturage dédié uniquement aux génisses Îlot de pâturage des génisses J'ai choisi ces parcelles car elles sont de petites tailles, difficilement accessible et se révélant plutôt humide. Cela me permet donc de bien valoriser mon herbe par du pâturag...

Biodiversité (1/4) : les haies comme symbole d'une prise de conscience

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 La destruction massive et brutale des écosystèmes agricoles, essentiellement les haies, opérée durant la seconde moitié du XXème siècle a marqué beaucoup de conscience, aussi bien des paysans que des autres ruraux. Ce que l'on appelle "Remembrement" mérite que j'y consacre un prochain article. Pour le moment, je me permets de vous montrer ses conséquences autour de ma ferme.  Vue aérienne de ma ferme de nos jours à gauche et dans les années 1960 à droite Les points rouges sur la vue représentent l'emplacement de ma ferme, afin que vous puissiez comparer le bouleversement qui s'est opéré sur une très courte période. La photo se passera de mes commentaires, me laissant perplexe sur la brutalité que nous pouvons faire preuve, au nom du Bien. Sachez le site de l' IGN Remonter le temps est très bien fait si vous voulez aussi constater les perturbations qui ont pu avoir lieu dans les campagnes que vous connaissez. Favoriser le développement des haies spontanée...

Pâturage (4/4) : bilan après 3 années de pratique

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 Je me me permets de faire un bilan de mon approche du pâturage tournant dynamique après trois années de mise en place. Mes pratiques passées du pâturage, qui entrainaient un surpâturage chronique et une compaction des sols, me laissaient perplexe quant à la productivité de mes prairies. En me lançant dans la mise en place d'un pâturage rationnel, j'avais le vif espoir que cela fonctionne, mais très peu de certitudes. Cette sensation était appuyée par le fait que personne, dans mon environnement proche, n'employait cette méthode.  L'adaptation comme maitre mot Je dois avouer que j'ai été agréablement surpris dès la première année par la productivité correcte de mes prairies. De plus, la gestion quotidienne de ce pâturage se révéla intéressant et stimulant. L'adaptation constante à la vitesse de pousse et à la météo nous entraine à choisir la bonne vitesse de rotation, à, éventuellement, débrayer des parcelles. Alors oui, on met du temps à choisir au début, on a...

Et économiquement, ça donne quoi ?

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 Quand je me suis installé, j'ai pris en charge la comptabilité et les diverses missions administratives. Je me suis vite senti dépassé, n'arrivant pas à anticiper la gestion de ma ferme. C'est pourquoi je me suis formé, grâce à mon comptable, au budget de trésorerie. Formation à la suite de laquelle nous récupérions un fichier Excel pour pouvoir continuer à saisir nos données. Avec le temps, je me suis approprié ce document pour en faire un outil indispensable dans ma gestion quotidienne, et dans la projection d'éventuels changements. Aujourd'hui, tous mes ratios technico-économiques sont issus de ce fichier. Ils varient donc des ratios fournis par mon Dossier de Gestion réalisé par mon comptable, quoique les tendances se suivent toujours. La différence réside dans le fait que mon budget de trésorerie tient compte des véritables entrées et sorties d'argent constatées (il n'y a que la TVA qui est écarté de mon ficher). Je ne parle donc pas d'amortissemen...

Biodiversité (2/4) : Quand y’a une mare, y’a plein de choses à voir

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 La ferme familiale a subi, comme beaucoup, le remembrement. Heureusement, chez nous, de nombreuses mares ont été conservées. Aujourd'hui j'en dénombre 30, pour une ferme d'une surface de 135 hectares ! Certaines de mes mares sont de grande taille, pouvant être assimilées à de petits étangs, alors quelle est la différence ? Mais surtout quelle est l'intérêt d'une mare ? Une mare est une étendue d'eau de petite profondeur et de petite surface . Elle aura comme particularité d'accueillir une biodiversité beaucoup plus importante que d'autres étendues d'eau plus vaste. Naturellement, une mare a une quantité de matières organiques beaucoup plus faible, à condition que celle-ci soit entretenue ! Il sera donc rare de voir des poissons, en revanche la présence abondante d'herbiers aquatiques, d'insectes variés et de tritons pourra être constatée, pour la plus grande joie des naturalistes ! Pour maintenir un haut niveau de biodiversité, il ne faut p...

Biodiversité (4/4) : et si on parlait des ourlets herbacés

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 Alors je vous l'avoue, cela ne fait pas très longtemps que j'ai entendu parler du terme d'ourlets herbacés. Pourtant, en se penchant d'un peu plus près, on se rend compte que ces derniers jouent un rôle important dans le maintien de la biodiversité. Si on doit le définir, on peut dire que c'est un espace de transition entre un milieu fermé (bordure de bois, haies) et un milieu ouvert (parcelles cultivées ou pâturées). D'une largeur d'au minimum 1 mètre, cet espace ne doit pas subir d'interventions au printemps et en été . C'est à l'automne que l'on vient le faucher pour éviter tout embroussaillement de cette zone et un bon usage de l'ourlet. Laissant la végétation se développer telle une prairie naturelle à fauche tardive, nous retrouverons, avec le temps, une flore variée très attractive pour les divers insectes et cela pourra permettre aux oiseaux de repeupler nos campagnes. De plus, ces zones constitue l'abri idéal pour les repti...

Agriculture Biologique : une conviction, non une finalité

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 Nous avons fait le choix de nous certifier Bio car nos pratiques correspondaient totalement au cahier des charges exigé. On emploie souvent l'expression 'Se convertir à la Bio", mais dans notre cas, on ne peut pas parler ainsi car il n'y a pas eu de changements dans nos pratiques.  En faisant le choix de ne plus acheter de produits extérieurs, l'Agriculture Biologique n'est pas une contrainte. Je parle de la certification Bio comme une étape car elle répond en partie aux enjeux agroécologiques actuels. Ça  ne doit pas être vu comme une fin en soit, car elle présente encore de nombreux défauts. Le plus important d'entre eux étant le travail trop intensif du sol comme substitut à l'interdiction de produits phytosanitaires. Cela cause des dommages très graves pour le sol, sa fertilité et sa pérennité. Une période de transition pour la vente de notre lait en Bio de 18 mois Lorsque l'on fait le choix d'être certifié Bio, la période de conversion ava...